Toutes ces définitions sont à adapter à l’écrit 2, à mettre en relation avec l’élève, l’enseignant la discipline et les situations d’enseignement.
Citoyenneté :
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 se veut un texte à portée universelle.
1992 : Le Traité de Maastricht affirme solennellement l’existence d’une citoyenneté européenne ; on parle de citoyenneté mondiale (mais ce « citoyen » ne vote pas…)
La citoyenneté française est liée à la détention de la nationalité française.
4 possibilités pour acquérir la nationalité française :
- par le droit du sang (un des deux parents français)
- par le "droit du sol" (naître en France.. puis 18 ans)
- par la procédure dite de " naturalisation "
- par le mariage
« D’un point de vue juridique, la nationalité est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour acquérir la citoyenneté. Il faut aussi jouir de ses droits civils et politiques. Ainsi un enfant, ayant obtenu la nationalité française, ne devient citoyen français qu’à partir de 18 ans, âge de l’acquisition du droit de vote ».
Conduite d’un individu confronté aux règles, normes et valeurs établies par la communauté dans laquelle il évolue ; les grandes finalités pour le citoyen français sont la liberté (autonomie sociale) et la solidarité ; citoyenneté " démocratique " (active).
J.P. Pourtois ("l'éducation postmoderne" PUF 1999) définit trois états de sujets :
- Sujet-agent : au service exclusif de l'état, de la collectivité.
- Sujet-acteur : l'individu a une place dans la société, est reconnu, respectueux des règles établies.
- Sujet-auteur : l'individu a une place active dans la société, mais possède en plus la possibilité de faire évoluer la société.
Pour J-P. Pourtois, l'éducation "idéale", utopique d'aujourd'hui (ère postmoderne) consisterait à :
"psychologiser" (capacité de faire évoluer les différentes structures - capacités cognitives ; ex : la métacognition) et "socialiser" l'individu : lui transmettre des valeurs altruistes (solidarité).
La gestion de ces deux notions est la clé de la réussite éducative et donc l'émergence de "citoyens acteurs et auteurs".
Autant dire que l’état de citoyenneté est la conséquence du type d'éducation reçu, éducation familiale ou scolaire ; c'est un état évolutif en fonction des situations sociales rencontrées et des valeurs auxquelles chacun adhère.
Il existe des types de formations à la citoyenneté plus ou moins instructives et plus ou moins formatrices… choix politiques.
La notion même de citoyenneté intègre la différence entre les individus (différences liées à la liberté… liberté religieuse, politique, éducative…).
Citoyen :
Un citoyen est une personne sous l'autorité et la protection d'un État. Il possède des droits civiques et a des devoirs envers l’état et les membres de la société à laquelle il appartient. Le citoyen exerce sa citoyenneté telle qu'elle est établie par les lois et intégrée dans l'ensemble des mœurs et des valeurs de la société à laquelle il appartient.
La citoyenneté est associée à la société démocratique moderne. L’égalité en droit conduit au lien social et à la formation d’une communauté politique dans une nation. Le citoyen connaît ses droits (les fait valoir) et accepte ses devoirs (les remplit).
L’élève est un citoyen en formation et en devenir, placé dans une structure éducative (l’école).
Valeurs :
Principes moraux supérieurs qui valent pour l’individu un sacrifice (ex: liberté, égalité, fraternité).
Les valeurs de la citoyenneté française : civilité, civisme, solidarité.
O. Reboul distingue deux types de valeurs : les valeurs « concrètes » et les valeurs « abstraites » ; « les premières s’expriment surtout par des noms propres (la France, la Famille). Les secondes sont générales voire universelles : la justice, les droits de l’homme ; elles s’expriment par des adjectifs ou des noms communs : la justice, les droits de l’homme ». Dans une tentative de classification des valeurs, l’auteur propose une hiérarchisation des valeurs en cinq niveaux, chacun qualitativement supérieur à celui qui le précède :
- Le plaisir : valeur pour l’hédonisme
- L’utile : valeurs économiques et de santé
- Le collectif : l’intérêt commun, valeurs dans la solidarité
- L’humain : valeurs de connaissances, valeurs morales, valeurs esthétiques, valeurs communes à tout être humain
- Le salut (ou le sacré) : valeurs situées au-delà de la mort, revendiquées par les religions (le bien, le bonheur suprêmes).
Cette hiérarchisation a le mérite de permettre de situer l’acceptable et le « décevant » (le mal) – ce qui ne se fait pas, qui est contraire aux usages de la société.
La transmission des valeurs doit permettre à l’élève de devenir un adulte responsable.
France : liberté, égalité, fraternité
Rugby (FFR) : respect, loyauté et fair-play
Et vous, vos valeurs ?
Attention, il y a des valeurs reconnues nationalement et d’autres valeurs plus personnelles (ex. religieuses…). En tant qu’enseignant, vous ne transmettez que les valeurs officiellement reconnues….
Cette notion de valeur pose problème dans les « relations pédagogiques » ; des valeurs divergentes entre le formateur et le « formé ».
Civisme :
Primauté que donne le citoyen aux intérêts de la société par rapport aux siens propres. On parle du sens civique ; dévouement du citoyen pour sa patrie : quand l’individu reconnaît le bien fondé des droits et devoirs : droit de cité et astreinte aux devoirs correspondant.
Le sens civique est à mettre en relation avec l’individualisme (prise en charge de ses propres intérêts). L’attitude citoyenne consiste à trouver un équilibre entre ses propres intérêts et ceux de la communauté. Un citoyen responsable. (On est quasiment dans une réflexion « philosophique »).
Civilité :
Attitude de respect des règles établies par l’Etat.
Les incivilités sont perçues comme un défi à l’ordre public.
Education (scolaire) :
Action consistant à former un futur citoyen, capable de s’insérer dans la société en respectant ses devoirs et faisant valoir ses droits. L’éducation passe par la transmission de connaissances et l’acquisition de compétences. On retrouve l’instruction et la formation. L’EPS participe à la formation des élèves, à leur accès à la citoyenneté.
Les lois de Jules Ferry de 1881 et 1882 qui mettent en place un enseignement primaire obligatoire, laïque et gratuit pour les filles et les garçons entre 6 et 13 ans. Cette législation a été développée et progressivement élargie au collège, puis au lycée.
Ce droit s’accompagne également d’un devoir essentiel : l’obligation scolaire. Imposée à l’origine pour éviter le travail des enfants aux champs ou à l’usine et pour former des citoyens fidèles à la jeune IIIème République, cette obligation scolaire perdure aujourd’hui. De 13 ans en 1882, elle passe à 14 ans en 1936 et à 16 ans en 1959.
Socialisation :
Apprentissage de la vie en société visant l'adaptation à l'environnement social, par l'assimilation des normes, des valeurs, des savoirs et savoir-faire d’une culture. La socialisation fait référence au respect des règles ainsi qu’à la solidarité.
Solidarité :
Lien unissant une personne à son groupe par des sentiments d'obligation réciproque. La solidarité fait appel à la coopération, à l’altruisme.
Altruisme :
Amour désintéressé d'autrui ; l’altruisme consiste à participer « spontanément » au projet d’autrui.
Autonomie :
Ensemble des compétences permettant à une personne de se gouverner par ses propres moyens en fonction de ses besoins et envies. L’autonomie fait référence à la gestion des projets. Etre autonome permet de faire des choix pour soi et pour les autres. Dans l’autonomie sociale recherchée se trouve un équilibre entre l’altruisme et l’individualisme (à ne pas confondre avec l’égoïsme).
Différents niveaux d’autonomie (Méard et Bertone) :
- ANOMIE (déviance involontaire) ou AUTONOMIE ACCIDENTELLE.
- AUTONOMIE NEGATIVE ou ANARCHIQUE (déviance volontaire).
- HETERONOMIE ou AUTONOMIE CONTROLEE (application des règles sous contrôle externe).
- AUTOREGULATION ou AUTONOMIE RESPECTUEUSE (règles appliquées sans contrôle externe).
- AUTONOMIE ACTIVE ou AUTONOMIE SOCIALE ou CRITIQUE (application des règles et participation à leur élaboration).
La notion d’autonomie dans un contexte « social » est à rapprocher de celle de citoyenneté.
Mœurs :
Habitudes et usages spécifiques d'une société, d'une communauté, d'un groupe.
Ethique :
Science de la morale ou discipline qui réfléchit sur les finalités, les valeurs de l'existence, la notion de "bien" ou sur des questions de mœurs ou de morale (comité d'éthique).
Morale :
Règles de conduite et des valeurs auxquelles un individu se soumet "librement" au sein d'une société.
EPS :
Discipline d’enseignement visant la quadruple formation de l’individu en devenir : « socialisation », autonomisation dans l’élaboration et la gestion de projets d’action, développement de la psychomotricité au sens le plus large (psycho-socio-affectivo-énergético-mécanico-moteur) et transmission d’éléments culturels (« démocratisation ») en s’appuyant sur les activités motrices sportives ou non sportives.
2- PARADOXES et INTERROGATIONS
Citoyenneté et autonomie sont deux concepts en étroite relation avec la socialisation.
La citoyenneté est de l’ordre de la finalité, une notion très large, accompagnée de positionnements philosophiques et politiques.
Le citoyen est une personne à la fois socialisée (respect des « règles » et des valeurs d’un groupe –solidarité pour nous) et autonome (capable de se gérer seul pour lui-même). La liberté sociale que l’on donne au citoyen est relative, conditionnée par le respect d’autrui et les normes en vigueur dans le groupe social.
La citoyenneté se fonde sur d’apparentes contradictions :
- Pas d’autonomie sans responsabilisation.
- Pas d’autonomie sans autorité (règles et sanctions).
- Pas d’accès à l’autonomie sans la dépendance à l’enseignant.
- Pas de liberté individuelle sans contraintes, sans socialisation.
L’accès à la citoyenneté et à l’autonomie sociale passe donc par une formation, une éducation, un plan de formation. Chez nous, cette formation est définie par le système scolaire.
L’acceptation des REGLES, des SANCTIONS, des CONTRAINTES conduit à une SOCIALISATION PASSIVE. Citoyenneté passive…. Ce sont les devoirs qui l’emportent sur les droits. Citoyenneté " étatique " autoritarisme conditionnement (élève passif).
(autoritaire)
L’acceptation d’une implication sociale (SOLIDARITE et CRITIQUE) conduit à une socialisation active. Citoyenneté active… Les droits ont autant d’importance que les devoirs. Citoyenneté " démocratique " liberté contrôlée autonomie scolaire (élève actif).
(vécue activement)
Le refus des règles et de la solidarité conduit à l’incivilité, à la délinquance et expose celui qui transgresse à la justice (les sanctions).
Niveaux d’incivilité :
INCIVISME PASSIF : l’indifférence
INCIVISME ACTIF : transgression des règles et valeurs.
L’enseignant, l’éducateur, le parent doit trouver le juste équilibre entre :
AUTONOMIE (sociale) et CONDITIONNNEMENT (dépendance)
LIBERTE et CONTRAINTES
DROITS et DEVOIRS
Des droits et des devoirs identiques conduisent à la liberté individuelle et à la différence !!
Difficulté de la citoyenneté : proposer un compromis entre le droit à l’individualisme et le devoir d’altruisme.
Ex. de problématique liée à la citoyenneté : droit de vote ou devoir de vote ?
P. Meirieu parle pour l’éducation de « conditionnement ouvert », pour montrer que la liberté sociale se construit sur des contraintes sociales, sur des règles, sur la prise en compte d’autrui.
La difficulté pour l’enseignant est d’accepter que l’élève devienne autonome, acquière ses propres droits ; le statut lui donne un « pouvoir » sur l’élève ; savoir s’en détacher est difficile.
3- L’ELEVE ET LE SENTIMENT DE
CITOYENNETE EN EPS
L’élève, tout comme l’individu appartenant à une société ressent un sentiment de citoyenneté (scolaire ou sociale) lorsqu’il est « reconnu, se sent utile et se met en activité ».
RECONNAISSANCE : une identité, une place accordée dans le groupe, dans la classe, dans la relation à l’autorité et aux autres. Reconnaître l’élève, le connaître par son identité est un premier pas vers la reconnaissance sociale. Pour l’élève, un sentiment de reconnaissance, de respect et donc d’appartenance à un groupe. La reconnaissance est l’antidote au sentiment d’exclusion. L’indifférence peut provoquer la violence et donc l’incivilité, le non respect.
En EPS : interpeller l’élève, le solliciter durant la séance, lui montrer qu’il ne laisse pas indifférent.
UTILITE : l’utilité de ses actions se réalise dans les rôles sociaux, autour et dans les tâches motrices ; il s’agit d’une implication de l’élève au service d’autrui (altruisme), pour les autres et le bon fonctionnement du groupe et de son organisation. Les moments favorables à ces actions collectives sont nombreux. Il s’agit de déléguer une part de son enseignement et de responsabiliser l’élève (dévolution didactique – G. Brousseau).
Cela implique une transmission de contenus d’enseignement pour former l’élève, à la parade, au rangement, à l’arbitrage, à l’observation, à tous les rôles de l’EPS qui peuvent progressivement conduire l’élève vers plus d’autonomie. Il s’agit d’une autonomie très relative, sous contrôle permanent de l’enseignant.
ACTIVITE : la mise en projet de l’élève lui permet de se mettre en activité. L’activité recherchée en EPS est tournée vers les acquisitions spécifiques à la discipline, les connaissances (informations, techniques et tactiques, connaissance de soi, savoir-faire sociaux). Le projet de l’élève est conçu par l’enseignant, et géré par l’élève, avec l’aide des autres et de l’enseignant. La différenciation pédagogique est essentielle pour prétendre à une activité guidée des élèves. Il s’agit de faire en sorte que le PACE et le PAPA soient en adéquation.
La mise en projet de l’élève suppose donc des connaissances et compétences :
- connaissance de l’APSA
- compétences didactiques (conception de situations)
- compétences didactico-pédagogiques (régulation des projets d’action des élèves).
L’élève acquiert ce sentiment de citoyenneté grâce à cette RECONNAISSANCE, à cette UTLITE, à cette ACTIVITE, le tout dans un contexte d’AUTORITE. C’est encore un des paradoxes de la citoyenneté. Citoyenneté = autonomie par la voie de la contrainte et de l’autorité. Les REGLES.
C’est l’enseignant qui transmet à l’élève le sentiment de citoyenneté par ses actions pédagogiques et didactiques. Il imprime dans ses séances les droits et les devoirs des élèves. Responsable de soi et envers les autres.
L’élève est enrichi en EPS sur le plan de sa MOTRICITE qui lui donne un certain degré d’autonomie motrice… Développer le potentiel physique des élèves est une obligation institutionnelle. Ses capacités lui permettront de mener à bien ses projets « sportifs », moteurs, de santé…
L’élève est également enrichi sur sa capacité à se prendre en charge : responsable de sa SANTE en particulier, de son alimentation de ses pratiques « sportives », de ses tenues vestimentaires, de ses choix en terme de spectacle sportif.
Dans la continuité de l’EPS, l’ASSOCIATION SPORTIVE peut contribuer à donner à l’élève des responsabilités associatives proches de celles qu’il pourra trouver dans sa vie sociale…
Dans un devoir sur la citoyenneté, penser à intégrer les textes de l’UNSS, avec toute la nuance de rigueur…
4– DE LA FINALITE AUX OBJECTIFS : LA CONSTRUCTION DE LA CITOYENNETE
Au niveau social, des normes au travers de codes : civil, pénal… institutions.
Au niveau scolaire, des règles et des sanctions essentiellement pédagogiques (règlement intérieur)
Les règles à respecter et les secteurs à développer :
Les règles sont les suivantes :
- règles institutionnelles (retards, absences, tenue…).
- règles relationnelles.
- règles organisationnelles.
- règles des jeux.
- règles de sécurité.
- règles cognitives ou opératoires (déduction, recherche, métacognition…)
- règles d’actions motrices ou règles opératoires psychomotrices. Les REGLES MOTRICES vont donner à l’élève une certaine forme d’autonomie et de liberté motrice ; le citoyen doit avoir les moyens de se mouvoir en toute sécurité, de gérer son potentiel physique, d’en être RESPONSABLE (santé !!!) : le fumeur se tue et nuit à la société !!! idem pour l’alcoolique…
Certains vont jusqu’à faire des corrélations (transfert d’acquisitions) entre les règles sociales et motrices : « contamination d’attitudes » (Méard & Bertone).
L’enseignant d’EPS doit connaître les finalités éducatives du système éducatif qui le rémunère pour transmettre et permettre d’acquérir celles-ci.
Il lui faut donc posséder une conception philosophique de l’éducation et de l’EPS qu’il appliquera seul ou en groupe (équipes pédagogiques disciplinaires et interdisciplinaires) sur les groupes d’élèves qui lui sont confiés.
Il transmettra des règles sociales, des règles psychologiques et des règles d’action.
L’accès à la citoyenneté est progressif ; la citoyenneté se construit autour de fondations. Celles-ci sont les suivantes :
- Connaissance et respect des REGLES.
- Acquisition de CONNAISSANCES (part de l’instruction disciplinaire : informations, techniques et tactiques…) et construction de COMPETENCES PSYCHOMOTRICES. La connaissance, la culture mène à la réflexion et à la critique.
- Implication sociale (ROLES SOCIAUX et SOLIDARITE) et acquisition de compétences (savoir-faire) permettant de RESPONSABILISER l’élève.
- Accès progressif à une forme d’AUTONOMIE (gérer ses projets). J. Piaget parle de rendre l’individu " intelligent " dans le sens d’ " adaptation " comportementale (conduite) : assimilation et accommodation.
- Capacité à « CRITIQUER » et à échanger : accès à la démocratie.
Ces thèmes peuvent être hiérarchisés en fonction de la conception que chaque enseignant se fait de la citoyenneté (ici hiérarchisation à partir de sondage auprès de collègues professeurs d’EPS…
Les thèmes doivent être transformés en objectifs dans les situations d’enseignement :
Thèmes | objectifs |
REGLES | Comprendre et respecter l’ensemble des règles |
CONNAISSANCES CULTURELLES | Acquérir des connaissances culturelles Utiliser les contenus dans les situations motrices |
ROLES SOCIAUX (responsabilité) | Accepter et mener à bien son statut au service d’autrui |
AUTONOMIE (responsabilité) | Gérer son projet d’action (moteur ou social) ; gérer sa vie physique ; connaissance de soi, de son corps, de sa motricité, de ses capacités |
CRITIQUE | Remettre en question et demander des justifications ; faire des propositions S’interroger sur soi et sur les autres, apprendre à se gérer (psychologisation) |
L’EPS s’intègre dans un système éducatif et doit donc à la fois mettre l’accent sur ses spécificités (les contenus de l’EPS – les techniques et les tactiques) tout en élargissant ses objectifs à une citoyenneté élargie (la culture, les valeurs, la méthodologie, la psychologisation).
L’EPS permet de construire des COMPETENCES ; la compétence est porteuse de transfert et donc de ré-utilisation en situation sociale.
Pour D. Delignières, la compétence est indissociable de l’accès à la citoyenneté, tout comme la citoyenneté ne peut se passer de la culture (approche culturaliste de l’EPS qui n’est pas incompatible avec le développement de l’élève : approche développementaliste).
5 -OPERATIONNALISATION ET CONTENUS D’ENSEIGNEMENT
Citoyenneté et autonomie sont des finalités de formation sociale… il s’agit donc de les « opérationnaliser » dans les situations d’enseignement, qui constituent des situations éducatives. Il s’agira systématiquement d’autonomie relative pour l’élève puisque le principe même de l’éducation est de le placer sous surveillance. C’est l’enseignant qui est responsable des actes de l’élève dans son cours.
La notion de « pratique sociale de référence » est importante lorsque l’on prétend poursuivre des objectifs éducatifs ; les situations d’enseignement doivent être éducatives, comporter les caractéristiques et contraintes sociales, en terme de droits et devoirs. La transposition didactique (adaptation des activités au niveau d’autonomie et de socialisation des élèves) est un moment important dans la recherche de développement d’attitudes citoyennes. Il faut éviter la désocialisation des situations d’enseignement (notion que l’on doit à J-L. Martinand).
Toutes les situations de référence en EPS comportent des spécificités éducatives ; pour s’en convaincre, se pencher sur l’historique des APSA, leur essence, leur logique interne….
Les sports sont socialisateurs, contribuent à la pacification des individus et canalisent la violence (procès de civilisation de N. Elias).
Présenter des contenus d’enseignement conduisant à la citoyenneté :
- Contexte réglementé et codifié
- Reconnaissance : dans les relations (se saluer, s’exprimer, se parler…)
- Utilité : rôles sociaux autour et dans les situations d’enseignement et responsabilité
- Activité : projet d’action dans la situation d’apprentissage
Le niveau de socialisation, d’autonomie d’un élève de 6ème n’est pas celui d’un élève de lycée (Teale) ; les contenus d’enseignement sont donc adaptés et le niveau de délégation pédagogique également (la dévolution didactique est bien plus importante avec des lycéens que des collégiens).
Quelques exemples : Vous en trouverez d’autres dans les programmes d’accompagnement !!! ce sont les meilleures illustrations…
Thèmes | objectifs | Contenus, classe de 6ème | Contenus, classe de 1ère |
REGLES | Comprendre et respecter l’ensemble des règles | VOLLEY BALL Application du règlement : Lever la main lorsqu’un élève marque un point et indiquer l’équipe qui bénéficie de la remise en jeu | GYMNASTIQUE Application du règlement : Evaluer la prestation d’un enchaînement en appliquant le code FIG |
CONNAISSANCES CULTURELLES | Utiliser les contenus dans les situations motrices Acquérir des connaissances culturelles aussi bien pratiques que théoriques (ex : l’histoire des APSA) | FOOTBALL Passe courte CE : décomposition technique du geste pour un élève de 6ème | GYMNASTIQUE Salto avant CE : décomposition technique pour l’élève de 1ère |
ROLES SOCIAUX RESPONSABILITE | Accepter et mener à bien son statut au service d’autrui ; se montrer responsable pour les autres | ESCALADE Installation de tapis de sol au niveau du départ de la voie CE : décomposition technique pour l’élève | ESCALADE Assurage en 4 temps d’un grimpeur en tête CE : décomposition technique pour l’élève |
AUTONOMIE | Gérer son projet d’action (moteur ou social) ; gérer sa vie physique ; connaissance de soi, de son corps, de sa motricité, de ses capacités | ATHLETISME (sprint) L’élève reproduit l’échauffement conçu et imposé par l’enseignant CE : décomposition technique de tous les mouvements | BADMINTON L’élève s’entraîne seul sur un geste technique qu’il perfectionne (situation de répétition en gérant la difficulté, la vitesse d’exécution) CE : décomposition technique pour l’élève |
CRITIQUE | Remettre en question et demander des justifications ; faire des propositions S’interroger sur soi et sur les autres, apprendre à se gérer (psychologisation) | GYMNASTIQUE L’élève choisit un contrat didactique d’enchaînement parmi ceux proposés par l’enseignant | MUSCULATION ou COURSE DE DURE L’élève construit son programme à partir des données fournies par l’enseignant |
| | Il est essentiel de faire apparaître les contenus d’enseignement ; ne pas se limiter aux contenus |
6– NIVEAU D’AUTONOMIE ET DE CITOYENNETE
Si l’on se propose de former un citoyen, on se doit d’évaluer sa formation.
Des critères d’évaluation peuvent être dégagés sur les domaines suivants :
- Socialisation : respect des règles
- Solidarité : coopération
- Autonomie et responsabilité : gestion des projets
1 – Niveau de respect des règles
2 – Niveau de coopération et de responsabilité
3 – Niveau d’autonomie (cognitive)
4 – Niveau d’autonomie (motrice)
5 – Niveau de connaissances (théoriques)
1 – Niveau de respect des règles
Le respect des règles est en relation avec l’autorité de l’enseignant et les sanctions. Ces règles et sanctions figurent dans le règlement intérieur de l’établissement, dans le règlement EPS et les règles propres au cours d’EPS.
L’élève doit respecter l’ensemble de ces règles, être informé des conséquences de toute transgression.
Nous préconisons pour notre part une information (présentation des règles et des sanctions) ainsi qu’une progressivité dans les sanctions : des sanctions pédagogiques à la punition, condition de la compréhension et de l’acceptation des règles.
Toutes les formules sont acceptables à partir du moment où elles répondent au contexte éducatif.
Du bonus à la punition… tout dépend des objectifs, de la population et du contexte…
Les exemples sont fonction des caractéristiques des élèves. On peut aller des règles du jeu (nombre de transgressions – fautes de jeu), aux normes sociales (politesse : le salut, le bonjour, le « présent » lors de l’appel…), aux absences, retards, défauts de tenue…
Coopération dans le rangement du matériel en fin de séance |
N1 | Range sans soins, ne respecte pas le matériel malgré la présence et les recommandations de l’enseignant. |
N2 | Range après désignation et précisions sur le rôle, sous surveillance. |
N3 | Range soigneusement après désignation et précision du rôle. |
N4 | Range rapidement après désignation, sous contrôle de l’enseignant durant le rangement. |
N5 | Range rapidement et en toute sécurité après désignation, sous contrôle à proximité. |
N6 | Range spontanément, rapidement, soigneusement et collectivement sans surveillance « rapprochée ». |
2 – Niveau de coopération et de responsabilité
La coopération s’évalue au travers des rôles sociaux et de la maîtrise des CE leur correspondant :
un assurage, une parade (MAP), un chronométrage, un arbitrage.
Des niveaux de comportement peuvent être présentés ; de 4 à 6 niveaux, comme pour les habiletés motrices.
Dans la copie d’écrit 2, présenter les contenus d’enseignement de ces rôles sociaux.
Respect des règles de communication en groupe (écoute - argumentation) |
N1 | Interrompt et perturbe les conversations sans laisser les autres aller jusqu'au bout de leurs propos ; a besoin de l'enseignant comme médiateur. |
N2 | Intervient très souvent pour parler, sans écouter les autres. |
N3 | Ecoute, respecte et discute avec médiation de l'enseignant. |
N4 | Ecoute, s'exprime dans des groupes restreints en respectant les autres. |
N5 | Ecoute sans s'emporter et donne un avis en s'efforçant d'argumenter. |
N6 | Ecoute systématiquement tout interlocuteur ; respecte les points de vue, argumente de son côté, et joue le médiateur. |
3 – Niveau d’autonomie (cognitive)
Le niveau d’autonomie s’évalue au travers de la capacité de l’élève à gérer son propre projet. On peut aussi parler d’autonomie intellectuelle.
thèmes | gestion enseignant | gestion déléguée | pourcentage |
initialisation du projet (incitation) | | | |
conception du projet (négociation, responsabilité ?) | | | |
réalisation du projet (assistance ?) | | | |
régulation du projet (analyse et propositions) | | | |
évaluation du projet | | | |
| autonomie scolaire : | 100 % |
Plus la délégation est importante dans la gestion du projet et plus l’élève gagne en autonomie, en responsabilité.
Il est intéressant de savoir que le niveau d’autonomie d’un élève est en corrélation avec son environnement socio-culturel (« milieux populaires : valeurs conformistes ; milieux favorisés : valeurs d’autonomie » - in : « Intelligence de l’enfant »).
4 – Niveau d’autonomie (motrice)
L’autonomie motrice s’apprécie au travers de la maîtrise des gestes techniques, tactiques.
On peut ici apprécier la performance au travers des niveaux d’habileté ; les textes préconisent de 4 à 6 niveaux d’habileté pour chaque geste « sportif ».
Dans votre copie d’écrit 2, il est relativement simple d’intégrer ces niveaux d’habileté. A vous de trouver des gestes, des contenus et de présenter les niveaux et les CE.
L’efficience motrice est le signe le plus élevé de la performance. Bien dissocier efficacité et efficience.
Plus l’élève maîtrise de gestes dans les milieux les plus variés et plus sa motricité sera adaptative…
La didactisation des APSA est importante pour doter l’élève d’un schéma corporel le plus général possible.
Faire acquérir des PMG (programmes moteurs généralisables). Adaptabilité motrice et transfert moteur sont deux notions à mettre en avant pour l’autonomie motrice….
Chaque APSA développe certains secteurs de la psychomotricité. La variété des APSA préconisée en collège est importante dans ce sens.
L’échauffement, la préparation à l’action, la récupération, l’alimentation, la musculation, la diététique font partie des objets d’enseignement de l’EPS.
5 – Niveau de connaissances (théoriques)
Il est tout à fait possible d’évaluer la maîtrise de connaissances théoriques telles que l’histoire de l’activité, le règlement, les techniques de l’activité, l’échauffement, l’alimentation, la musculation…
7– DEMARCHE D’ENSEIGNEMENT ET CITOYENNETE
Des démarches permettant de développer la « citoyenneté » :
Les approches socio-culturelles
1 – Compréhension de la nécessité des règles et de leur application : auto-arbitrage " contrôlé " (signe de respect et de maîtrise).
2 – Connaissance de l’évolution des règles : sécurité et intérêts extra-sportifs. L’élève apprend à respecter l’intégrité physique des autres et à préserver la sienne.
3 – Compréhension de la nécessité des gestes techniques : les principes bio-mécaniques, bio-énergétiques, bio-informationnels, sécuritaires (raison d’être des gestes et de leur technique… cela passe par la connaissance de l’évolution sociale et technique des APSA).
4 – Responsabilisation : Auto-évaluation et co-évaluation contrôlée en jeu et dans les situations d’apprentissage (évaluation formative : rôles à tenir).
Les élèves gèrent essentiellement des tâches d’observation, d’évaluation et de régulation (sur confirmation de l’enseignant) dans les situations d’apprentissage. C’est une gestion déléguée restreinte du projet d’action.
Pédagogie du contrat : choix parmi des évaluations à thème techniques (ind.) et technico-tactiques ou stratégiques (col.). Contrat didactique et contrat social (signer le règlement intérieur).
(illustration : les contrats : 1 contre 1 et 3 contre 1 + 1). L’élève doit s’investir collectivement ; il prend conscience de l’importance de l’autre dans son propre progrès ou l’atteinte d’un objectif.
Le moment de l’évaluation est choisi par l’élève : 3 tentatives (il apprend à gérer).
Le travail demandé se déroule sous contrôle permanent de l’enseignant ; nous sommes dans le cas d’une autonomie relative.
5 – Respect et communication : chacun a droit à la parole dans le respect des règles établies avec l’enseignant : courtoisie. Respect des différences (le même contenu, mais avec des niveaux d’exigence adaptés aux capacités de chacun ; idem relation garçons et filles).
Le socio-constructivisme et le contrat didactique
Cf. cours précédent sur les théories de l’apprentissage ; le contrat didactique (vrai-faux contrat passé entre l’élève et l’enseignant)
Faire des choix (péda. du contrat) : être responsable de ses actions ; je choisis, j’apprends à « tenter » (ex : ateliers saut de cheval) en assumant mes choix, en évaluant les risques et les conséquences… gestion risque-sécurité : contrats didactiques : plaquage, escalade, gymnastique (contrats plus ou moins difficiles).
Votre démarche d’enseignement, si elle s’intègre dans une finalité de citoyenneté doit proposer des situations d’enseignement « socialisantes », et donc subir un minimum de dénaturation, et au contraire sans doute une didactisation tournée vers la responsabilisation. Nous donnons souvent l’exemple du « plaquage » en rugby (pratique), où, en plus de l’efficacité (faire tomber..), le plaqueur doit assurer la sécurité du plaqué… Nous sommes ici en pleine responsabilisation de l’élève. il sait qu’il agit sur un geste à risque qui peut « blesser » l’autre… il endosse une RESPONSABILITE… ce que l’on attend dans la vie sociale de tout citoyen….
8– CONCLUSION
Les missions de l’enseignant et les finalités de l’EPS pour conclure un devoir sur la citoyenneté :
1- MISSION SOCIALISANTE
Faire comprendre, accepter et appliquer les règles instaurées dans la séance ou le cycle d’EPS (la classe étant considérée comme une mini-société où règles et valeurs sont indispensables). Chacun doit connaître ses droits et devoirs.
Respect d’autrui.
Solidarité.
Responsabilités.
Droit à la parole.
Les différentes conventions (ensemble des règles sociales) concernant ces droits et devoirs peuvent faire l’objet de négociation afin que l’élève adhère.
Il existe différents comportements face aux règles :
- adhésion,
- persuasion,
- obligation ayant des incidences sur les relations enseignant-enseigné.
La notion de solidarité et de coopération est importante dans notre société.
2- MISSION AUTONOMISANTE
L’enseignant impose, propose, construit avec l’élève des projets.
- initialisation
L’élève, à partir du moment où le (ou les) projet(s) sera décidé, trouvera (ou pas) sa place en fonction de son investissement sur les différents plans que sont :
- conception
- réalisation
- régulation (analyse et propositions)
- évaluation
Ces différents points concernent la méthodologie d’apprentissage (règles psychologiques d’apprentissage et de gestion de projet) ; l’enseignant peut plus ou moins déléguer sur certaines tâches. Nous verrons par la suite que ce niveau de délégation peut définir un " niveau d’autonomie scolaire " de l’élève. Apprendre à apprendre, encore faut-il avoir envie d’apprendre. L’enseignant est un incitateur à l’apprentissage. " Donner envie d’avoir envi d’apprendre ". Métacognition.
L’élève s’investit s’il est concerné et respecté, tout comme le citoyen : il faut proposer une place active à l’élève : négociations quant aux projets, délégation quant aux tâches. Ceci permet à l’élève de trouver sa place dans le groupe classe. De plus, il nous semble fondamental, lorsque les conditions le permettent d’inciter l’élève à concevoir sa propre réponse par rapport aux situations à résolution de problèmes (stratégiques, technico-tactiques ou techniques). Nous nous justifions ici avec les théorises de l’apprentissage écologistes et socio-cognitivistes.
Discuter et comprendre en apprenant et apprendre en échangeant pour comprendre.
3- MISSION PSYCHOMOTRICE
L’enseignant doit doter l’élève d’un maximum de programmes moteurs dits adaptatifs.
4- MISSION SPORTIVE
Transmission d’éléments culturels pratiques et théoriques (compréhension des enjeux gravitant autour des APS) : apprentissage intelligent et non un conditionnement. Agir en toute sécurité ; être responsable de ses actes (moteurs).
L’auto-socio-construction de l’élève s’attache à la formation du futur citoyen (nous participons à sa formation), qui, une fois dans la vie active et sociale est responsable de ses actes devant la loi et non plus devant une institution formatrice : l’école.
La notion de responsabilité (pour soi et envers les autres) est fondamentale dans la formation citoyenne de l’élève. La transmission de la connaissance (et la construction de compétences) sont les éléments qui permettront à l’élève d’agir. J’agis en toute responsabilité parce que je connais les conséquences de mes actes…
L’élève est aidé dans la construction de sa citoyenneté ; c’est lui, et lui seul qui la définira socialement (le citoyen est responsable de lui-même, devant la loi, et face à ses valeurs).